Programme

L’attrait pour la musique et ses pouvoirs sur le bien-être remonte aux temps ancestraux. Platon qualifiait même la musique de « médecine de l’âme ». Ces intuitions, qui au départ flirtaient souvent avec la pensée magique, se sont vues appuyées par les recherches en neurosciences depuis une décennie. La science permet désormais de comprendre comment la musique réduit le stress ou la douleur et comment elle stimule le corps. La musique agit aussi sur les apprentissages et sur la mémoire à tous les âges de notre vie.

Grande spécialiste de l’étude des effets de la musique sur le cerveau, Isabelle Peretz connaît aussi très bien les caractéristiques acquises du cerveau des musiciens. Quels sont les atouts que les musiciens ont développés, plus que la population générale, grâce à leur pratique de l’instrument ? En quoi cette pratique a-t-elle un impact sur l’intelligence, la mémoire, ou… le raisonnement mathématique ? Quels sont les fondements scientifiques de cet intérêt pour l’éducation musicale ?

Cette conférence est programmée à l'occasion de la Chaire du Québec 2024 du Collège Belgique, organisée avec le soutien de la Délégation générale du Québec à Bruxelles, dont le thème de recherche est aux sources de l'élaboration du Colloque-Festival BAM! – 2024.

La musique a fait ses preuves dans de nombreux processus éducatifs, thérapeutiques ou de revalidation neurologique. De nouvelles perspectives s'offrent dès lors aux conservatoires qui pourraient inclure dans leurs programmes des initiatives favorables à de nombreux débouchés complémentaires à la carrière traditionnelle du musicien. Le panel rassemble des neuroscientifiques, musiciens, art-thérapeutes, directeurs de conservatoire impliqués dans des démarches innovantes.

Comment les connaissances sur les processus cognitifs et corporels peuvent-elles améliorer l’apprentissage instrumental ? Depuis quelques années la littérature scientifique en neurosciences remet en question la manière dont la musique est enseignée. En particulier, les pratiques pédagogiques couramment utilisées dans l’enseignement de la musique tiennent rarement compte du fonctionnement cognitif de l’être humain. Ester Pineda aborde dans cette communication l’importance de décloisonner art et sciences pour optimiser l’enseignement musical.

Jouer de la musique est une activité des plus exigeantes. La haute précision des mouvements, les positions inconfortables, les longues périodes de répétition et la recherche de l'expression émotionnelle font partie du quotidien de tous les musiciens. Eckart Altenmüller abordera les techniques de prévention pour éviter les douleurs chroniques, les troubles du mouvement, l'anxiété et l'épuisement psychique qui menacent la capacité de travail et réduisent la qualité de vie du musicien.

La maitrise d'un instrument est le fruit d'un apprentissage constant, y compris chez les musiciens professionnels. L’apprentissage gestuel repose sur des mécanismes divers dans notre cerveau, qui impliquent le système émotionnel et l'attention. Jouer de la musique, et en particulier s’exercer de manière intensive, sculpte notre cerveau. Delphine Dellacherie montrera les mécanismes et les bases cérébrales impliqués dans l’apprentissage gestuel. Elle analysera aussi les liens entre l’émotion musicale et cet apprentissage gestuel.

En neurosciences, le « jumeau numérique » fait référence à une représentation virtuelle du cerveau d'un individu. Sa conception requiert l'utilisation de technologies avancées comme l'IRM et la modélisation computationnelle. Cette réplique dynamique contribue à la compréhension de la fonction cérébrale normale et à l'optimisation des stratégies de traitement des pathologies. L'infrastructure européenne EBRAINS aborde ces défis, encourageant la collaboration mondiale. 
Ces nouvelles avancées en imagerie cérébrales ont notamment permis la compréhension de l'impact de la musique sur le cerveau.

Viktor Jirsa, concepteur de l'exposition The Human Brain Project, en propose une visite guidée gratuite, le jeudi 21 mars, vers 18h à l'issue de la conférence de Sylvie Nozaradan. Rendez-vous dans le patio.

Bouger son corps au rythme de la musique est un comportement naturel dès le plus jeune âge et dans toutes les cultures. Sylvie Nozaradan analyse les interactions entre rythme et cerveau et explore l'utilisation des rythmes comme outil d'apprentissage et de récupération des fonctions sensorielles et motrices. Qu'est-ce que les rythmes peuvent nous apprendre sur notre cerveau ? Qu'est-ce que les neurosciences peuvent nous apprendre sur les rythmes musicaux ?

La musique, langage à la fois libre et terriblement organisé, est au croisement mystérieux du rythme, de l’harmonie, de la mélodie et du bruit. Comment un compositeur (dé)joue-t-il les attentes de l’oreille ? Quant au cerveau, n’est-il pas lieu de passage des émotions, des tripes et du cœur, loin d’être la seule matière grise et froide à laquelle on l’a associé ? 

Passant du piano au micro, et à travers des extraits de musiques d’aujourd’hui, Patrick Leterme rencontre Emmanuel Bigand pour découvrir comment la musique naît et les chemins qu’elle est en train de prendre pour traduire en sons notre XXIe siècle.

En répétition ou en concert, l'interaction entre les musiciens est permanente et essentielle pour permettre une coordination parfaite, sans restreindre les initiatives individuelles. Donald Glowinski modélisera en temps réel les processus à l'œuvre dans le groupe.

Le modèle du quatuor inspire désormais, depuis les équipes de soignants en état d’urgence jusqu’aux équipes de foot engagées dans un mondial… C'est l’exemple parfait à suivre !

A la fin de cette rencontre, le Fenix String Quartet interprétera l'un des chefs-d'œuvre du répertoire : le quatuor en fa majeur de Maurice Ravel.

Claire Oppert intervient depuis plus de 25 ans, avec son violoncelle, auprès de jeunes autistes, de personnes atteintes d’Alzheimer et de malades en soins palliatifs.

Elle reviendra sur les fondements d’une démarche qui a abouti à un protocole thérapeutique basé sur une étude clinique : « le pansement Schubert ». La musique a le pouvoir de diminuer la douleur et l’anxiété des patients et a un impact bénéfique sur les soignants et les familles. Accompagnée de son violoncelle, Claire Oppert raconte son expérience de l’hôpital et donne la parole aux patients et aux soignants.

Claire Oppert répond aux questions de Véronique Thyberghien dans l'émission Tendances Première (RTBF). Elle explique son parcours de violoncelliste, attirée par la thérapie artistique :

La musicalité humaine prend forme et s’enrichit dans les échanges vocaux entre parents et enfants en bas âge. Manuela Filippa illustrera les éléments clés de l’origine de la musicalité des enfants de 0 à 3 ans à travers les jeux musicaux partagés, les vocalisations et les gestes de production sonore. Elle s'adressera aux parents et aux spécialistes de la puériculture en quête de ressources.

À l'hôpital, la musique ne se limite pas à une activité occupationnelle pour les patients ; elle possède un pouvoir thérapeutique. La musique réduit l’angoisse, la douleur ressentie, et le recours à certains traitements. Alors la musique a-t-elle aujourd’hui dans nos hôpitaux la place qu’elle mérite ?

Le contact précoce avec la musique et la voix maternelle renforce le développement cérébral des prématurés et limite les retards neuro-développementaux, fréquents chez ces enfants qui ont passé leurs premières semaines de vie dans un environnement de soins intensifs. Comment les services de néo-natalité en Belgique et à l’étranger mettent-ils en pratique les dernières découvertes des neurosciences ?

Lors de ce concert inédit, la musicienne Laure Stehlin convie les tout-petits à ressentir les vibrations sonores à travers tout leur corps. Par un jeu de boucles musicales mêlant la voix, les flûtes, les tambours et les carillons, elle créera en direct des atmosphères musicales variées aux timbres extraordinaires. Les enfants seront accueillis dans un écrin doux et protecteur spécialement conçu pour favoriser l’émerveillement. Ils seront accompagnés dans leur écoute par la scientifique Manuela Filippa pour une expérience sensorielle et ludique.

Lors de ce concert inédit, la musicienne Laure Stehlin convie les tout-petits à ressentir les vibrations sonores à travers tout leur corps. Par un jeu de boucles musicales mêlant la voix, les flûtes, les tambours et les carillons, elle créera en direct des atmosphères musicales variées aux timbres extraordinaires. Les enfants seront accueillis dans un écrin doux et protecteur spécialement conçu pour favoriser l’émerveillement. Ils seront accompagnés dans leur écoute par la scientifique Manuela Filippa pour une expérience sensorielle et ludique.

L’hospitalisation en soins intensifs durant la période néonatale est une source majeure de stress pour l’enfant et peut nuire à son développement. La voix chantée parvient à l'apaiser, à réguler son rythme cardiaque et respiratoire et à stimuler le réflexe de succion. Elle permet aussi aux parents de retrouver leur place dans ce service à haute technicité. Dans le service des grands prématurés du CHU de Dijon, Solène Pichon propose aux parents, grâce à l'accompagnement d'une musicothérapeute, de chanter à leur bébé tout au long du séjour en réanimation puis en médecine néonatale.

En Suisse également, des chercheurs travaillent à améliorer par la musique le développement cérébral des grands prématurés :

Music is a stimulating, versatile, and motivating tool for neurological rehabilitation. After stroke, music can be used in many ways to rehabilitate motor, verbal, and cognitive deficits and support emotional well-being. Teppo Särkämö, psychologist and neuroscientist, has led pioneering clinical studies on music-based rehabilitation in neurological populations. He will show how different music-based interventions (music listening, singing, instrument playing) can aid the recovery of cognitive, motor, and communicative functions, enhance mood, and induce neuroplasticity changes in the recovering brain after stroke and brain injury.

La perception douloureuse n’est pas seulement liée à un stimulus corporel nocif : elle est aussi fonction du contexte et de la personnalité. Gérard Mick, neurologue et chercheur, s’est spécialisé dans les solutions thérapeutiques complémentaires pour le traitement de la douleur. Il montrera comment les divers déterminants du ressenti douloureux sont liés à diverses activations cérébrales, et comment il est possible de moduler ces activités et au final le ressenti douloureux, en particulier par l’écoute musicale.

CONFERENCE DEPROGRAMMEE

Donald Glowinski présentera bien Le Quatuor à cordes : un modèle d'organisation

ainsi que Le chant choral et le développement des enfants

Il participera également au débat consacré à l'importance de la pratique musicale pour les jeunes.

Le centre d’intérêt actuel de Simone Dalla Bella est l'évaluation des capacités rythmiques chez les individus en bonne santé et chez des populations de patients (notamment atteints de la maladie de Parkinson). L'utilisation de la stimulation et de l'entraînement rythmique améliore les capacités motrices de ces patients. De nouvelles méthodes d'évaluation et d’intervention auprès de cette population (utilisation de nouvelles technologies numériques, tablettes tactiles) seront présentées en tant qu'outils d’entraînement.

Conférence-concert sur l'impact du rythme chez les personnes atteintes de troubles du mouvement liés à une maladie neurodégénérative (Parkinson, sclérose en plaques…). Cette rencontre entre Arnould Massart et Simone Dalla Bella proposera des démonstrations rythmiques et des extraits musicaux mettant en évidence des concepts tels que le rythme, les musiques possédant un groove, une valeur cinétique, un certain degré de syncopes, etc… Ces paramètres seront illustrés par un quatuor à cordes. Un dialogue passionnant qui explore comment ces concepts sont abordés par les scientifiques et par les musiciens.

4 courtes présentations pour montrer comment la musique peut avoir des effets thérapeutiques dans le traitement des troubles neurodégénératifs et de la douleur.

Simone Dalla Bella :
Le rythme musical comme outil d'intervention pour les patients avec des troubles du mouvement.

Gérard Mick :
Musique et douleur : comment adoucir les maux ?

Hervé Platel :
Musique, mémoire et maladie d’Alzheimer : pour qui ? pour faire quoi?

Teppo Särkämö :
Le chant et l'écoute de la musique comme outils de revalidation après un AVC (en anglais avec traduction simultanée)

Que se passe-t-il dans le cerveau d'une pianiste lorsqu'elle joue une pièce aussi complexe qu’une étude de Ligeti ? Quels processus sont déclenchés et comment les doigts trouvent-ils les bonnes touches et le bon toucher pour exprimer les intentions de l’interprète ? Eckart Altenmüller tente de répondre à ces questions et entraîne le public dans le monde de la neurophysiologie… et dans la tête de Cathy Krier, grande spécialiste de Ligeti !

La musique est un outil précieux dans l’aide aux apprentissages et dans la prise en charge globale des troubles neuro-développementaux. Daniele Schön explore les modes d’action de la musique dans le développement cérébral cognitif des jeunes enfants (système dopaminergique, système émotionnel, phénomènes de synchronisation, cognition et prédiction) et les perspectives d’applications pratiques dans le traitement des troubles de l’apprentissage tels que la dyslexie.

Les travaux d’Hervé Platel, spécialiste de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer, ont montré que la mémoire musicale est plus résistante aux maladies du cerveau que les autres types de mémoire. Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives dans la prise en charge de patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

La musique a-t-elle à l’école la place qu’elle mérite ? La Finlande, la Suisse ou le Canada ont développé, à cet égard, une politique volontariste avec des effets significatifs, tant sur les résultats scolaires que sur la sociabilisation des enfants. En Belgique francophone, le Pacte pour un enseignement d’excellence prévoit désormais que chaque élève dispose d’un « parcours d’éducation culturelle et artistique » (PECA) tout au long de son cursus scolaire. Des expériences pilotes sont notamment menées depuis plusieurs années pour introduire le chant choral à l'école maternelle et primaire.

Face au décrochage et au harcèlement scolaires, les résultats des recherches et les expériences positives nous invitent à reconsidérer la place de la musique dans nos écoles. Lors de ce débat, la Ministre de l’enseignement obligatoire, Caroline Désir, échangera avec des chercheurs et des musiciens qui ont étudié l’impact de la musique dans les écoles. Tous s’accordent pour attribuer à la musique une place de choix dans le développement des enfants.

La musique contribue à moduler certains symptômes dans les maladies neurodégénératives et à stimuler le mouvement. Elle constitue ainsi un outil efficace pour améliorer la qualité de vie dans les maisons de retraite, où des expériences concrètes sont actuellement menées. Quelle place faut-il accorder à la musique dans les maisons de retraite ?

Clara James et son équipe (Haute école spécialisée de Suisse occidentale & Université de Genève), ont démontré que l'intensité de la pratique musicale modifie progressivement la structure et le fonctionnement du cerveau au profit des fonctions cognitives. Ces résultats les ont incitées à utiliser la pratique musicale comme outil de développement, avec succès, d'abord chez les enfants, et ensuite chez les personnes âgées, en collaboration avec des universités allemandes (Hanovre), en contrant partiellement le déclin cognitif et cérébral lié à l’âge.

Un concert émouvant, dédié aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et à leurs familles, qui associe musique traditionnelle et jazz folk. Pensé par les membres de l’ensemble Nisia en collaboration avec le neuroscientifique Hervé Platel, grand spécialiste de la maladie d’Alzheimer, ce programme harmonieux mêle joie et mélancolie et vise à éveiller des souvenirs et à créer des moments de bonheur partagés. Une expérience musicale apaisante et remplie d’émotion.

Les conclusions des experts sont unanimes : la pratique musicale chez les jeunes active l’ensemble du cerveau et accroit leurs performances dans beaucoup d’autres domaines de la vie. Elle augmente la confiance en soi, les capacités de mémorisation, de concentration et améliore la réussite scolaire. Mais ce n’est pas tout : faire de la musique stimule les compétences sociales de communication, d’empathie et aide les adolescents à exprimer leurs émotions. Un panel de neuroscientifiques et de musiciens (ados et adultes) expliquera tout cela . Un débat qui intéressera particulièrement les adolescents et leurs parents.

Le sonore intervient comme élément essentiel dans la construction psychique de tout individu. Depuis l’Antiquité, on reconnaît à la musique des vertus thérapeutiques.

Comment la musicothérapie peut-elle être utilisée auprès d’enfants porteurs de troubles du spectre autistique ? Cette médiation thérapeutique utilise le son, la voix, le rythme, la musique pour mobiliser les aspects émotionnels, communicationnels et interactionnels chez l’enfant. Quels sont les processus psychiques en jeu lors de séances de musicothérapie ?

« La musique est une pratique cachée de l’arithmétique même si l’esprit n’a pas conscience de compter » disait Leibniz. La musique est-elle la forme ultime du langage ? Et peut-on faire de la musique comme de la prose, sans le savoir ? Dans notre cerveau comme dans nos vies, la musique, le langage et les mathématiques sont étroitement liés. Le public expérimentera ces liens et en comprendra les racines scientifiques. Cette expérience musicale en étonnera plus d'un : nous sommes tous mathématiciens !

Après une introduction sur les processus émotionnels eux-mêmes et ceux induits ou perçus dans le contexte musical, Didier Grandjean discutera des mécanismes cérébraux sous-tendant ces processus affectifs. Il évoquera la contribution de différentes régions cérébrales liées aux mécanismes d’induction émotionnels, et abordera le plaisir induit par la musique, ou encore la capacité de la musique à réactiver des traces en mémoire.

Six courtes présentations pour explorer l'impact de la musique sur le développement du cerveau et son efficacité tant en pédagogie que dans la remédiation de certains troubles neuro-développementaux.

Emmanuel Bigand :
Les transferts d'apprentissage : la musique est-elle spéciale ?

Manuela Filippa :
Musique, chant maternel et développement du cerveau chez les grands prématurés

Clara James :
L'apprentissage formel d'un instrument à cordes en classe améliore le développement cognitif et sensorimoteur des enfants dès l'école primaire

Daniele Schön :
Pourquoi la musique à l'école ? 

Emmanuelle Carasco :
Musiques et interactions sociales chez les autistes

Didier Grandjean :
L'émotion au cœur de la musique

Les données scientifiques le prouvent : chez les jeunes, la pratique du chant choral a un impact important sur le développement du bien-être, de l’empathie et des capacités d’intégration dans un groupe. Avec le concours du Chœur d’enfants de la Monnaie, Donald Glowinski en fera la démonstration en direct et soulignera les processus cognitifs, émotionnels et relationnels en jeu dans cette pratique musicale collective.

Accompagnement au piano : Julie Delbart