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La musique

Qu’est-ce que la Musique ?

Il n’existe pas de définition universellement reconnue pour ce phénomène acoustique complexe.

Pour Le Robert, c’est « l’art de combiner des sons d'après des règles (variables selon les lieux et les époques), d'organiser une durée avec des éléments sonores. »

Chez Larousse, la musique est « l’art qui permet à l’homme de s’exprimer par l’intermédiaire des sons. »

Pour l’ethnomusicologue britannique John Blacking (1928-1990), la musique est « du son humainement organisé ».

Pour Emmanuel Bigand, « la musique est une forme de communication humaine qui repose sur la combinaison d’unités sonores abstraites (i.e sans signification) et qui est susceptible de modifier les états neuropsychologiques et de réguler les émotions ». 

 

Au-delà de toute définition, on peut s’intéresser aux éléments qui la constituent, en regardant comment on procède lorsqu’on analyse une pièce musicale. Les quatre principaux éléments qui apparaissent sont la mélodie, le rythme, l’harmonie et le timbre

·      Mélodie : une succession de sons (de notes) de hauteurs et de durées différentes, avec ou sans silence intercalé. Ces notes correspondent à des vibrations de l’air, dont la fréquence détermine la hauteur. La mélodie, c’est l’air qui vous trotte en tête et que sifflez sous la douche.

·      Rythme : la structure selon laquelle les sons forts et faibles alternent de manière répétée. Une marche se déroule de manière binaire, une valse est construite sur un rythme ternaire. A ne pas confondre avec le tempo, qui est la vitesse à laquelle un morceau est joué.

·      Harmonie : lorsque plusieurs notes sont produites simultanément – on parle d’accords – on perçoit très vite que la cohabitation n’est pas toujours agréable à entendre. On attribue à Pythagore – philosophe et mathématicien grec du 5ème siècle avant J.C. – l’élaboration de la gamme actuelle en divisant la longueur d’une corde vibrante. On parle d’intervalles consonants pour l’octave, la quinte et la tierce. Aux plus deux notes simultanées seront proches l’une de l’autre, au plus on arrive dans la dissonance.

·      Timbre : quand on affirme qu’il n’existe pas deux voix humaines parfaitement semblables, on fait principalement référence au timbre. Le son produit par un instrument de musique ou une voix est défini par de nombreuses caractéristiques acoustiques : l’attaque, les harmoniques, la durée, etc. Les possibilités sont pratiquement infinies.

En plus de ces quatre paramètres, la musique porte en elle cette capacité à nous émouvoir, car parmi les nombreuses parties du cerveau qu’elle active, il y a le « centre de récompenses », cette zone qui permet par exemple de produire de la dopamine (hormone dite « du plaisir »). Une musique lente, en mode mineur, est perçue par tous comme étant triste, alors qu’une pièce rapide en majeur sera considérée joyeuse, et notre humeur s’en ressentira.

Tous ces paramètres peuvent se combiner à l’infini et chacun d’entre peut intervenir de manière plus ou moins prononcée : une musique pourra par exemple être dénuée de rythme ou même de mélodie. Il existe plein d’autres paramètres, tels que l’ornementation, le contrepoint ou l’articulation, mais vous pourrez déjà écouter vos musiques favorites en cherchant à décoder pourquoi elles vous plaisent : mélodie, rythme, harmonie ou timbre ?

 

 

Un bien universel

Il est impossible de fixer une date précise pour l’origine de la musique, les premières pratiques étant plus que vraisemblablement vocales. Les flûtes les plus anciennes datent de 35.000 ans, largement après l’arrivée de l’homo sapiens, voici près de 300.000 années. La pratique musicale se retrouve dans toutes les civilisations, aujourd’hui encore.

Seuls 3 % de la population reste insensible à la musique : ils souffrent d’amusie. Cette déficience cérébrale, également qualifiée de surdité musicale, peut être génétique ou causée par un accident.

 

 

Quelle est la meilleure musique pour le cerveau ?

Dans les années ’90, une étude américaine avançait qu’une écoute régulière de Mozart améliorait les performances intellectuelles des enfants, voire les rendait plus intelligents. Cette théorie de « l’effet Mozart » fut mise à mal par la suite ; d’autres chercheurs démontrèrent qu’on améliorait les performances de manière similaire avec d’autres musiques et d’autres activités, pour autant que celles-ci plaisent aux sujets qui les pratiquent. Il reste acquis que la musique a un impact largement positif sur le cerveau.

Il est maintenant admis que la meilleure musique pour le cerveau reste celle qu’on aime, lorsqu’il s’agit de stimuler la production de dopamine et d’endorphines. Mais la musique mobilise notre cerveau beaucoup plus largement, comme l’indique l’expression « symphonie neuronale », utilisée pour décrire l’activité cérébrale qu’elle provoque. On peut désormais affirmer que la meilleure musique pour stimuler notre cerveau et l’assister lorsque nos capacités neuronales sont diminuées, c’est la musique que l’on joue soi-même. Et si on la pratique en ensemble, c’est encore mieux. Pour l’écoute, toute musique procure des bénéfices. La musique classique européenne ne possède donc pas le privilège de stimuler idéalement nos cellules grises. Peut-être que sa complexité lui offre un avantage dans certains domaines, mais elle ne sollicite pas nos facultés d’improvisation, par exemple, au contraire du jazz ou de la musique classique indienne. Les mélodies, porteuses de texte, vont également stimuler dans notre cerveau les zones du langage. La pratique de la danse va ajouter les fonctions du mouvement au bénéfice de l’écoute musicale. Le répertoire musical possède plein de ressources que nous pouvons exploiter largement.

 

Musique et langage

Pour terminer, il est intéressant de rapprocher la musique du langage, un autre domaine où le cerveau humain se montre particulièrement performant. D’abord on note que le cerveau se construit principalement durant les 3 derniers mois de la grossesse, à l’aide de l’ouïe, le premier sens qu’il développe. Le fœtus dispose déjà de capacités musicales : il peut reconnaître un contour mélodique, des rythmes et identifier le timbre de la voix maternelle. Ces outils lui seront très utiles dans l’apprentissage du langage, qui se construit lui aussi par l’oreille. Il n’est guère surprenant de constater par l’imagerie médicale que les aires du cerveau réservées au langage et à la musique se recoupent partiellement. Ceci explique que la musique se révèle souvent très utile pour venir en aide aux patients qui souffrent de troubles de la parole.

 

 

 

Sources :

Oliver Sacks – Musicophilia
Emmanuel Bigand et Barbara Tillmann – La symphonie neuronale
Robert Wangermée – Cours d’analyse musicale (ULB)